Auteur (s) : Philippe Arnould

Période : Premier Empire

Depuis un peu plus de deux cents ans, un « courant de pensée » tend à faire croire que le gigantesque conflit qui a embrasé l’Europe de 1805 à 1815 n’a qu’un seul responsable, c’est Napoléon. A cause de son ambition démesurée, de son désir insatiable de conquêtes qui l’entrainait dans des agressions incessantes envers nos voisins (avec au passage un grand mépris de la vie des soldats français évidemment), de son but ultime enfin, qui frisait la démence, de devenir maître absolu de l’ensemble de l’Europe ! Ce courant de pensée a pris sa source dans la propagande anti-Napoléonienne effrénée répandue dans tous les pays d’Europe à l’époque. Pendant le conflit, cette propagande était si l’on peut dire « naturelle » car elle était un des moyens de la guerre. Mais ce qui est étonnant, c’est qu’elle ait persisté bien après la fin de l’Empire y compris en France, et qu’elle imprègne encore aujourd’hui une grande partie (sans doute majoritaire) de l’opinion. Le malheur, c’est que le grand public n’a pour juger, le plus souvent, que des éléments fragmentaires (souvenirs du Lycée, films, émissions TV ou articles de presse plus ou moins orientés etc. ). Il est donc d’autant plus « vulnérable » à une propagande simpliste mais percutante. Or lorsque l’on étudie l’ensemble des plus grands historiens spécialistes du sujet et unanimement reconnus, on découvre une version des choses diamétralement opposée, et tous ces historiens sont d’accord sur cette version que pourtant l’on ne voit jamais (sauf erreur ou omission !) proposée au grand public. La vérité est que c’est la Révolution française qui a provoqué une immense déflagration en Europe, laquelle a déclenché un conflit de 24 ans, dans lequel Napoléon ne fut que l’instrument du destin. Il est donc temps de dépouiller Napoléon de cette image de tyran ne songeant qu’à mettre l’Europe à feu et à sang. Lui-même disait à Ste -Hélène : « sur quel point de mon action pourrait-on m’attaquer qu’un historien de bonne foi ne puisse me défendre ? Dira-t-on que j’ai trop aimé la guerre ? Mais on montrera que j’ai toujours été attaqué ! »

Philippe Arnould, pharmacien, se passionne depuis son plus jeune âge pour l’histoire militaire de la période Révolution – Empire. Des décennies de recherches, communications, publications diverses ont fait de lui un spécialiste du sujet. Il a collaboré pendant près de vingt ans à la revue nationale spécialisée dans ce domaine, TRADITION. Et depuis des décennies également, il a sillonné l’Europe, de Lisbonne à Moscou et de Rome à Lübeck sur les traces des armées de la République et de l’Empire, ce qui lui a permis d’approfondir sa compréhension de ces grandes guerres. Depuis une vingtaine d’années, sans abandonner la pure histoire militaire, il s’est plongé dans l’histoire diplomatique de la période de façon à mieux comprendre les causes profondes des incessants conflits qui ont agité l’Europe de 1792 à 1815.