1806, la campagne de Prusse,
la bataille de Saalfeld et le combat avec le Prince Louis Ferdinand de Prusse …
Le 10e hussards avait subi de grandes pertes pendant la campagne de 1805, resté en Allemagne après la paix de Presbourg, il pu se refaire en hommes et en chevaux, depuis le 13 Janvier 1803, il était commandé par le Colonel André Louis Briche (°1772 +1825), qui avait remplacé le Colonel Beaumont, promu Général de Brigade.
Guéri de ses blessures, Guindey, qui avait été nommé Maréchal des Logis le 1er Août 1806, rejoignit son régiment juste à temps pour prendre part à la campagne de Prusse, mais cette fois-ci pour entrer dans l’histoire.
Au mois de Septembre 1806, aucun doute sur l’imminence d’une nouvelle coalition Russo-Prussienne, appuyée par l’Angleterre. La Grande Armée dont la majorité de ses éléments stationnaient en Allemagne du Sud le long des Monts de Bohême, à travers les hautes forêts, apparaissaient ainsi sur les lignes de communications de l’armée Prussienne vers Halle et Leipzig.
Le 5ème Corps, celui de Jean-Baptiste Guindey est en tête de la colonne Ouest et marche de Cobourg sur Saalfeld. Le 9 Octobre, à Graffenthal, la cavalerie légère (9e – 10e hussards – 21e chasseurs) bouscule les hussards Prussiens de Schimmelplennig et poursuit sa progression vers Saalfeld, éclairant le Division du Général Louis Gabriel Suchet (°1770 +1826).
Poursuivant leur route, peu après un col, au débouché des bois d’où la route descend sur Saalfeld, Le Maréchal Lannes qui marche avec le Général Suchet, en tête de l’avant garde, aperçoit sur le rive Sud de la Saale, une Force Prussienne qu’il évalue de 8 à 10 000 hommes, avec une ligne d’infanterie, appuyée par des canons, derrière laquelle il distingue une dizaines d’escadrons.
L’avant garde du Corps Prussien du Prince Hohenlohe est sous le commandement du prince Louis Ferdinand de Prusse.
La présence de ces troupes prussiennes à Saalfeld résulte d’un acte d’indiscipline caractérisé du Prince Louis Ferdinand qui semble n’avoir reçu d’autres ordres que de border la Saale plus au Nord-Ouest, entre Kahla et Rudolstadt, pour y être relevé ultérieurement par une division (Gravert) puis par (Blücher). Mais Le prince Louis Ferdinand voulait « sa bataille bien à lui » il combattra seul, complétement isolé des troupes de Hohenlohe.
Le Maréchal Lannes est frappé par l’étrange position des Prussiens. Il décide sans attendre Le Maréchal Pierre Augereau (°1757 +1816), sans le gros de son Corps d’Armée, d’engager le combat immédiatement avec la seule division Suchet. Vers le début de l’après-midi, l’attaque générale est déclenchée et le Prince Louis Ferdinand, comprenant trop tard l’ampleur du péril, se résigne à ordonner la retraite. Assailli de tous côtés, menacé d’encerclement, il lance pour dégager son infanterie une contre attaque de cavalerie, qu’il commande en personne.
Le 9e hussards va être sévèrement bousculé, mais le 10e hussards du Colonel Briche, est là tout près. Il s’ouvre en deux par les ailes et converge sur les flancs des escadrons prussiens. En quelques minutes, ceux-ci, sabrés à outrance sont rompus et mis dans un tel désordre que bien loin de couvrir la retraite de leur infanterie, ils l’entraînent dans une déroute complète. Un bon nombre d’entre eux cherche à passer la Saale à la nage et se noie.
L’épisode a été décrit maintes fois par les historiens napoléoniens et, en dernier lieu, par le Commandant Lachouque, dans sa magistrale étude sur « Iena ».
Entraîné par le reflux de ses troupes, Louis Ferdinand de Prusse est arrivé sur les rives de la Saale, ne trouvant plus d’éléments susceptibles d’être repris en mains et commandés. Il cherche à gagner Schwarza par la rive sud de la rivière au lieu de la franchir directement, ce qui l’eut probablement sauvé. Supérieurement monté, il tente de prendre du champ, poursuivi par quelques hussards, mais protégé par ses aides de camp dont deux seront tués en combattant derrière lui. Soudain son cheval s’arrête, les pattes entravées dans des branches, l’un des hussards le rejoint et lui barre la route…. »Rendez-vous ! ».
C’est Jean-Baptiste Guindey, convaincu en voyant le bicorne à aigrette blanche et la plaque de l’Aigle Noir sur la poitrine du prince, d’avoir affaire à un Général Prussien. Il apparait certain que Louis Ferdinand de Hohenzollern n’était pas homme à se rendre à la première sommation.
Pour toute réponse, il pousse son cheval sur Guindey et lui entaille la joue droite d’un premier coup de sabre. Guindey riposte au visage et au bras mais reçoit aussitôt un nouveau coup au front. Furieux couvert de sang, il porte à son adversaire, de toute sa force, un coup de tranchant, qui l’atteint à la base du crâne, immédiatement suivi d’un coup de pointe mortel au côté droit. Louis Ferdinand glisse à bas de son cheval, son aide de camp, Von Nortis, le reçoit dans ses bras….(Le Général Antoine Fortuné de Brack écrit dans…Avant-postes de Cavalerie Légère…Quand tu as porté un coup de pointe, termine par un coup de revers, c’est ainsi qu’à Saalfeld, Guindey tua le Prince Royal de Prusse).
Menacé par des Cavaliers Prussiens, dégagé par un camarade, Guindey, momentanément hors de cambat, se replie sur le plus proche peloton de son régiment. Il reviendra peu après, prendre les armes et les décorations du prince qu’il porte au Maréchal Lannes puis va se faire panser à l’ambulance.
C’est un peu plus tard, par un prisonnier, que le commandant du 5e Corps apprendra l’identité véritable de l’officier général qui n’est autre que Le Prince Louis Ferdinand de Prusse.
Décorations et armes sont immédiatement portés à l’Empereur Napoléon avec un compte rendu des faits. Napoléon se contentera de dire » S’il me l’avait ramené vivant, je l’eusse nommé officier »…..et Guindey de répondre au Maréchal qui lui rapportait ce propos….. »Monsieur le maréchal, voyez comment il m’a arrangé, je vous assure bien qu’il n’était pas d’humeur à se laisser faire. »
L’Avant-Garde de Hohenlohe, dispersée, réduite de moitié laisse sur le terrain de nombreux morts, des prisonniers, des drapeaux, des pièces de canon, bagages et les approvisionnements des magasins de Saalfeld. La Mort du Prince Louis Ferdinand porta un coup terrible au moral de l’Armée Prussienne. Il jouissait d’un prestige au moins égal à celui du Roi lui-même. Le 14 Octobre 1806 ce sera la Bataille de Iéna et l’effondrement. Guindey n’assistera pas à cette journée glorieuse.
Il rejoindra le 10e hussards, remis de ses blessures, pour participer à la poursuite vers les Baltiques. Il se signalera de nouveau au combat d’Eychen le 29 Octobre puis à Pultusk le 26 Décembre 1806 où il est gratifié d’un nouveau coup de sabre à la main gauche (1).
Jean-Baptiste Guindey, fait parvenir une lettre datée du 4 Novembre 1806 de Stettin à ses parents, dans laquelle il raconte fièrement et simplement son glorieux fait d’armes, sans paraître du reste y attacher une importance plus grande qu’aux exploits déjà accomplis par lui à Holzheim, sous Ulm, et à Austerlitz. Guindey termine sa lettre par cette phrase qui résume en quelques mots l’existence mouvementée du soldat d’alors… » Voila un mois que nous n’avons pas couché dans un lit, ni dans aucune maison, toujours en route, se battre et coucher au bivouac ».
Comme première et modeste récompense, avant la bataille de Saalfeld, Guindey fut nommé le 14 octobre 1806 Maréchal des Logis Chef de la Compagnie d’élite. Une Compagnie d’élite fut créée, dans chaque régiment de hussards par décret du 1er vendémiaire an XII, les cavaliers étaient coiffés du colback (2).
Sources & bibliographie :
(1) Article revue de l’Association des Amis du Musée international des Hussards de Tarbes…Général Moneglia.
(2) Le Carnet de la Sabretache n°136.
0 commentaires